Identification de friches polluées éligibles à une reconversion écologique

Le devenir des friches (industrielles, urbaines ou agricoles) est au cœur de plusieurs enjeux environnementaux, sociaux et économiques notamment liés à la réduction de l'étalement urbain et à la requalification des zones laissées à l'abandon. Ces friches ont le plus souvent été impactées par une activité humaine et présentent des caractéristiques spécifiques (sols pollués, sols déstructurés et compactés, dont la composition en éléments minéraux et matière organique est déséquilibrée) qui sont autant de contraintes pour la biodiversité et le fonctionnement biologique des sols. Ainsi, il est parfois nécessaire d'envisager une remédiation, afin de rétablir une compatibilité entre la pollution résiduelle laissée en place et l'usage futur (espace naturel, parc urbain, continuité écologique, production de biomasse énergie). Des solutions techniques existent avec pour objectif de conserver, voire de restaurer, les fonctions écologiques des sols (techniques de génie pédologique et/ou génie écologique). D'autres solutions sont fondées sur des techniques de bioremédiation (phytomanagement, biodégradation, bio-immobilisation). Dans certains cas, les friches polluées à l'abandon accueillent des écosystèmes de transition ayant un intérêt écologique (ex: espèces patrimoniales) alors que les sols sont contaminés par un ou plusieurs polluants à des teneurs supérieures aux valeurs de fond et à d'autres valeurs de gestion (ex: valeur du guide R.E.F.U.G.E - usage potager). C'est le processus d'évaluation des risques pour les écosystèmes (ERE), décrit par exemple dans le guide INERIS (2022), qui peut permettre une prise de décision permettant une revalorisation de ces friches vers des usages écologiques. Cependant, ces méthodologies sont rarement mises en œuvre car elles nécessitent des moyens techniques et financiers importants. C'est la raison pour laquelle, en se basant sur les principes de la méthode TRIADE (NF ISO 19240) et notamment sur la combinaison des 3 approches du risque pour les écosystèmes (écologique, chimique et éco toxicologique), un «Indice de Préoccupation» (IdP) a été développé afin de renseigner sur le potentiel risque lié à la pollution des sols. En parallèle, une caractérisation approfondie des sols de friches laissées à l'abandon a été menée par les partenaires du projet TIPOMO afin de rendre compte de leur niveau de contamination mais aussi du caractère disponible et biodisponible des polluants rencontrés. A cette caractérisation s'est ajoutée l'évaluation de l'écotoxicité des sols à partir de bioessais de laboratoire normalisés (bioessais réalisés en phase solide sur végétaux, nématodes et vers de terre - bioessais réalisés en phase liquide sur daphnies et algues). Cette phase de caractérisation a permis de classer les friches étudiées en fonction de leur disponibilité, leur biodisponibilité et leur écotoxicité. La mise en application de l'indice de préoccupation (IdP) sur ces friches a permis de vérifier le caractère opérationnel de la méthode et son intérêt pour évaluer l'innocuité environnementale de la pollution sur certaines friches bénéficiant déjà d'un écosystème en place. L'Indice (IpP) permet de classer les sites pollués en 3 catégories: un «état non préoccupant» qui traduit une possibilité de revalorisation facilitée de la friche vers un usage écologique, un «état intermédiaire» qui peut être précisé vers une des deux autres catégories en renseignant le caractère biodisponible de la pollution en place et enfin un «état préoccupant» nécessitant une étude plus approfondie de type ERE comme par exemple la méthode TRIADE.