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Mycotoxines et environnement intérieur : Aérosolisation lors de développement d'espèces toxinogènes et développement d'outils de surveillance des habitats

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Les mycotoxines sont de métabolites secondaires produits par de nombreuses espèces fongiques. Les effets sanitaires induits par l'ingestion de ces substances sont bien documentés et certaines mycotoxines font désormais l'objet de réglementations quant à leurs teneurs maximales tolérables dans les aliments. Cependant, d'autres voies d'exposition à ces contaminants sont possibles.[…]

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Fiche technique

Auteurs ALEKSIC Brankica, UNIVERSITE TOULOUSE, ADEME
Public(s) Secteur de la recherche
Thématique Recherche et Innovation
Air et bruit
Collection Expertises
Date d'édition 2016/12
Nb. de pages 252 P
Format Site internet
Langue FR
Périmètre de publication National

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Les mycotoxines sont de métabolites secondaires produits par de nombreuses espèces fongiques. Les effets sanitaires induits par l'ingestion de ces substances sont bien documentés et certaines mycotoxines font désormais l'objet de réglementations quant à leurs teneurs maximales tolérables dans les aliments. Cependant, d'autres voies d'exposition à ces contaminants sont possibles. Si l'action irritante ou allergisante liée à l'inhalation de spores fongiques ou de fragments mycéliens a été démontrée, l'inhalation de mycotoxines est aussi suspectée d'induire certains troubles respiratoires ou certaines pathologies. En effet, les mycotoxines peuvent être retrouvées dans les spores mais également sur des particules plus fines facilement aérosolisables et donc susceptible d'être inhalées. Cependant, les données concernant le danger associé à l'exposition humaine aux mycotoxines par inhalation sont encore très parcellaires. Dans ce contexte, nos travaux ont eu comme objectif principal la caractérisation de l'aérosolisation des mycotoxines lors de la colonisation de différents matériaux rencontrés dans les environnements intérieurs par des moisissures toxinogènes. Tout d'abord nous avons étudié la croissance et la production de mycotoxines lors de la colonisation de matériaux de construction (papier peint, toile de verre peinte, papier peint vinyle, sapin) par trois espèces fongiques d'intérêt: Aspergillus versicolor, Penicillium brevicompactum, Stachybotrys chartarum. Ces espèces ont été choisies à cause de leur présence fréquente dans les environnements intérieurs et de leur diversité d'organisation mycélienne. De plus, ces trois espèces produisent des toxines différentes: stérigmatocystine, acide mycophénolique et trichothécènes macrocycliques pour A. versicolor, P. brevicompactum et S. chartarum, respectivement. Ces travaux ont démontré que, pendant leur développement sur les matériaux testés, les trois espèces produisent des mycotoxines. Le matériau le plus favorable au développement fongique et à la toxinogénèse est le papier peint. L'acide mycophénolique, la stérigmatocystine et les trichothécènes macrocycliques peuvent ainsi être produits à des niveaux de 1.8, 112.1 et 27.8 mg/m2, respectivement, sur ce matériau. Ces toxines peuvent ensuite être partiellement aérosolisées. Nous avons montré que l'aérosolisation dépend des espèces et de leur structure mycélienne mais aussi des conditions de culture et du flux d'air. Ce transfert dans l'air est observé après des sollicitations aérauliques qui peuvent être rencontrées facilement dans les environnements intérieurs car elles correspondent au mouvement de personne dans une pièce (0.3 m/s), à la vitesse de l'air dans les diffuseurs de plafond (2 m/s), à des coutants d'air ou des claquements de porte (6 m/s). P. brevicompactum est l'espèce la plus facile à aérosoliser. La majeure partie de la charge toxique des aérosols est retrouvée dans des particules dont la taille correspond à celle de spores ou de fragments de mycélium. Cependant, pour les trichothécènes macrocycliques, des toxines ont également été trouvées sur des particules plus petites que les spores, qui pourraient être facilement inhalées par les habitants et pénétrer profondément dans les voies respiratoires. Afin de mieux caractériser le danger réel associé à l'inhalation de ces composés, des études de cytotoxicité ont été réalisés en utilisant des cellules pulmonaires et en comparant avec les résultats observés sur cellules digestives. La toxicité sur cellules pulmonaires est comparable à celle observée sur cellules digestives. Les trichothécènes macrocycliques sont beaucoup plus toxiques que les autres toxines testées avec des IC50 de l'ordre du ng/ml. Au final, nous avons évalué la persistance de ces contaminants lors de l'application d'eau de javel, procédé de décontamination le plus fréquemment utilisé. Nous avons montré qu'une procédure de nettoyage normale ne permet qu'une élimination partielle des moisissures