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Toxicité neuro-développementale d'une exposition gestationnelle à la pollution atmosphérique

Effets à court et à long terme de l'inhalation répétée de particules de fumées de diesel chez le lapin.

Neuf

La pollution atmosphérique est un problème majeur de santé publique. Parmi ses composants, les particules fines et ultrafines émises par les moteurs diesel sont aujourd'hui très critiquées. En effet, ces particules sont capables de gagner le système circulatoire et atteindre divers organes et, dans une certaine mesure, le cerveau. Si[…]  Plus de détails

Déclinaisons
  • Format électronique

Fiche technique

Auteurs BERNAL MELENDEZ Estefania, UNIVERSITE DE LORRAINE, INRA, ADEME, ANSES
Public(s) Secteur de la recherche
Thématique Air et bruit
Collection Expertises
Date d'édition 2019/03
Nb. de pages 348 P
Format Site internet
Langue FR
Périmètre de publication National

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La pollution atmosphérique est un problème majeur de santé publique. Parmi ses composants, les particules fines et ultrafines émises par les moteurs diesel sont aujourd'hui très critiquées. En effet, ces particules sont capables de gagner le système circulatoire et atteindre divers organes et, dans une certaine mesure, le cerveau. Si leur neurotoxicité est fortement suspectée dans les populations directement exposées, les conséquences d'une exposition maternelle sur la mise en place et le maintien des circuits neuronaux de la descendance restent mal connues. Des études épidémiologiques et expérimentales soulignent les risques neurotoxiques liés à l'exposition gestationnelle, du fait de la fragilité du cerveau en développement. Néanmoins, les conséquences d'une telle exposition sur le neurodéveloppement du foetus et de l'individu après la naissance sont peu étudiées dans des conditions de faible exposition contrôlée et répétée. Cette thèse a visée à étudier les effets neurotoxiques à court et long terme d'une exposition gestationnelle aux fumées de moteur diesel enrichies en particules fines dans des conditions mimant l'exposition humaine. Ce travail a été mené chez le lapin, un modèle animal de la placentation humaine. Il s'est focalisé sur la description des atteintes sur le continuum anatomo-fonctionnel entre système olfactif et cerveau par des approches comportementales, neurochimiques et histologiques chez le foetus en fin de gestation et chez l'adulte. Au stade foetal, les résultats suggèrent la présence d'amas de particules de taille nanométrique sans que leur nature soit déterminée dans les tissus olfactifs des animaux exposés, une désorganisation cellulaire de ces tissus et des atteintes neurochimiques localisées au niveau du bulbe olfactif et dans certaines régions du cerveau pour la transmission dopaminergique et sérotoninergique, suggérant une dénervation des systèmes neuromodulateurs bulbaires en provenance du système nerveux central. A la naissance, une modification de la sensibilité olfactive périnatale chez les lapereaux en réponse à la phéromone mammaire, dont la perception est essentielle au déclenchement du comportement de tétée, a été observée et suggère une modification des réseaux nerveux des individus issus de mères exposées. Les perturbations neurochimiques persistent à long terme, malgré peu d'impact sur les comportements à base olfactive. De façon intéressante, un effet différentiel de ce type d'exposition selon le sexe est observé sur les systèmes monoaminergiques des foetus et adultes. L'ensemble des données décrites ici indique un potentiel neurotoxique à confirmer et souligne la nécessité d'investiguer de façon plus approfondie l'éventuel lien avec l'émergence des maladies neurodégénératives humaines. Ces données confirment que la phase prénatale doit être considérée comme une fenêtre importante pour le développement du cerveau, au cours de laquelle il existe une susceptibilité élevée aux agressions de l'environnement.